JO 2024 : Kaylia Nemour, ex-espoir de la gymnastique française en quête d’or olympique pour l’Algérie

Avant de commencer, « en distanciel et en deux ans », le CAP pâtisserie dont elle rêve « depuis toute petite », Kaylia Nemour, 17 ans, vice-championne du monde aux barres asymétriques depuis octobre 2023, s’est trouvé un job d’été : décrocher l’or olympique sur cet agrès.
Une distinction suprême dont pourrait se prévaloir la Fédération française de gymnastique (FFG) – vingt ans après qu’Emilie Le Pennec l’a lui a offerte pour la première du genre, aux JO d’Athènes, en 2004 – si un profond désaccord avec l’instance sportive n’avait largement incité la jeune gymnaste à opter pour la bannière algérienne.
L’épreuve de force s’engage en 2021. En vue des JO de Paris, la FFG requiert le regroupement des meilleures Françaises et de leurs entraîneurs à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) ou au pôle national d’entraînement de Saint-Etienne. Gina et Marc Chirilcenco, entraîneurs de niveau international depuis plus de trente ans et coachs de Kaylia depuis sa plus tendre enfance, à Avoine Beaumont Gymnastique, l’un des meilleurs clubs français, en Indre-et-Loire, n’entendent pas déménager.
L’adolescente et ses parents, ainsi qu’une poignée d’autres jeunes gymnastes concernées et leurs familles, s’opposent tout autant à un déracinement. D’autant que leur salle d’entraînement, située à Beaumont-en-Véron, près de Chinon, est parfaitement conforme et équipée pour une préparation de haut niveau.
Cette même année, Kaylia, championne de France aux barres asymétriques, vise une qualification pour Paris 2024, mais elle souffre de sévères douleurs aux deux genoux. Le diagnostic fait état d’une ostéochondrite : une anomalie de la croissance de l’os et du cartilage aux causes inconnues, au sujet de laquelle les avis divergent. Une blessure probablement due à un surentraînement, selon le médecin fédéral ; une pathologie « dont Kaylia aurait souffert quoi qu’elle fasse et que la gym a permis de déceler plus rapidement », affirme Stéphanie Nemour, mère de la jeune fille et présidente d’Avoine Beaumont Gymnastique.
Kaylia est opérée d’un genou en juillet 2021, puis de l’autre, six semaines plus tard. Interdiction de poser le pied, béquilles, rééducation… « En tout, ça a duré huit mois, mais personne à la FFG n’a jamais pris la moindre nouvelle », se souvient Mme Nemour. En mars 2022, prête à réattaquer l’entraînement à plein régime avec l’aval de son chirurgien, Kaylia se heurte au veto du médecin fédéral qui, au nom de son intégrité physique, juge toute reprise prématurée.
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